vendredi, mars 29 2024

Par Jean Marie BOCKEL

Ancien Ministre

Membre honoraire du Parlement français

 Les Elections présidentielles et désinformation sont devenues monnaies courantes dans nos société. Si toute l’histoire politique à travers les siècles et les continents témoigne que la désinformation et la propagande ne sont pas une nouveauté propre à notre siècle, l’expansion des nouvelles technologies de l’information et la multiplication de fausses informations actuellement observables doivent interroger les citoyens que nous sommes.

La concordance des élections présidentielles aux Etats-Unis et en Côte d’Ivoire nous y invite et ces deux scrutins nous donnent l’occasion de nous alerter sur ces nouveaux phénomènes qui, à l’aide de l’utilisation des nouvelles technologies, tentent d’influencer le choix des électeurs et d’entacher leur expression démocratique.

Des « game changers » des Etats-Unis en Côte d’ivoire

Dans le cas des Etats-Unis, de nombreuses études et cyber analyses ont montré des ingérences étrangères via Internet lors de la campagne opposant Hillary Clinton et Donald Trump. Depuis l’élection de l’actuel Président, les phénomènes de manipulation de l’information se sont multipliés et il semble bien que la campagne en cours voie à nouveau la désinformation prendre une part importante à mesure que l’on approche du 4 novembre. Pour d’aucuns, les tweets présidentiels alimentent les mensonges de masse, pour d’autres Joe Biden serait manipulé par des forces de l’ombre. A tout cela s’ajoutent les rumeurs concernant la possibilité du vote anticipé par correspondance qui prêterait à manipulation et à contestation.

En Côte d’Ivoire, à l’approche du scrutin présidentiel, les rumeurs envahissent la toile et apparaissent comme des « game changers », expression américaine qualifiant les phénomènes susceptibles de changer la donne d’une élection.

Elections présidentielles et désinformation, une réalité

Dans ce pays, une partie du web ivoirien s’est emparé d’une prétendue information soulignant la volonté présidentielle de reporter l’élection de plusieurs mois, facteur potentiel de tension. Cette rumeur a reposé sur un article, prétendument publié dans un grand média continental qui, pourtant, n’a jamais existé.

D’autres rumeurs ont imputé au Président sortant la création de milices armées, secrètement soutenues par les forces de police ivoiriennes, chargées de réprimer les manifestations de l’opposition. Il apparaît aujourd’hui que ces rumeurs, loin d’être le fruit d’une puissance voisine, étaient le fait de certains militants de l’opposition, dans une volonté de substituer aux débats sur le bilan d’Alassane Ouattara, ou à ceux sur sa légitimité à se représenter, des informations infondées destinées à menacer la tenue d’un scrutin apaisé.

La désinformation très virale via les réseaux sociaux

Au sein d’une population africaine aujourd’hui largement acculturée à l’usage des réseaux sociaux, où les groupes Facebook et les boucles WhatsApp apparaissent comme des vecteurs de communication traditionnels, la vitesse de propagation d’une rumeur est largement accélérée. Ces réseaux prennent le relai des traditionnels pourvoyeurs de messages politiques. Ainsi, les élections présidentielles et désinformation sont devenues pour certains Etats des moyens de déstabilisation de leurs concurrents candidats.

Sur tous les continents et d’une manière générale, il est nécessaire que les plateformes se dotent des outils humains et techniques destinés à endiguer les campagnes de manipulation de l’information, principaux vecteurs de la diffusion des fausses rumeurs, comme il est impératif que les États réaffirment leur souveraineté en contraignant, juridiquement si nécessaire, les plateformes à le faire.

Les observateurs internationaux auront un rôle important à jouer lors des scrutins à venir et doivent intégrer l’espace numérique à leurs protocoles d’action afin de déceler et de porter à l’attention des organisations internationales d’éventuelles campagnes de manipulation, portées par un camp ou l’autre. Ceci, pour ralentir ou freiner des présidentielles et désinformation lors des élections.

Lire aussi : [TRIBUNE] CÔTE D’IVOIRE/3E MANDAT : LA LUMIÈRE DU PROFESSEUR MARTIN BLÉOU, AGRÉGÉ DE DROIT PUBLIC ET SCIENCE POLITIQUE

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