jeudi, avril 18 2024

En Guinée, l’ex-président Condé Alpha n’est pas au bout de ses peines. Quelques jours après sa libération par la junte au pouvoir, il va devoir faire face à la justice de son pays. En effet, des poursuites judiciaires ont été engagées contre sa personne par le Front national de défense de la Constitution (FNDC).

L’annonce a été faite par le procureur général de Conakry, hier mercredi 04 avril 2022. L’ancien président guinéen ainsi qu’une vingtaine de ses collaborateurs sont inquiétés par cette nouvelle bataille judiciaire. Rappelons qu’Alpha Condé a été renversé le 5 septembre dernier par un coup d’État militaire dirigé par les forces spéciales du colonel Mamadi Doumbouya. Aujourd’hui, en attendant l’achèvement des travaux de construction de sa résidence privée, l’ex-président Condé réside au domicile privé de son épouse. Sa liberté bien que salutaire est pour le moment soumise à de nombreuses conditions.

De nombreux chefs d’accusations contre l’ex-président Condé

Selon la plainte formulée par le FNDC, l’ex-président et ses collaborateurs sont accusés de plusieurs crimes de sang. Il s’agit entre autres de « meurtre, d’assassinat et complicité, de disparitions forcées, de détentions, d’enlèvements, d’acte de torture, de coups et blessures ». Alors ces crimes ne peuvent demeurer impunis surtout face aux preuves détenues.

Concrètement, les poursuites judiciaires sont fondées sur les violences survenues en 2019 autour du projet du 3ème mandat d’Alpha Condé. Soulignons que cette période a été émaillée par des manifestations contre le référendum sérieusement voire brutalement réprimées. Ce qui a au final permis de modifier la Constitution pour que l’ex-président Condé se maintienne au pouvoir.

Parmi la liste des personnes incriminées on retrouve des anciens membres du gouvernement ainsi que de hauts responsables administratifs et sécuritaires. On peut citer les noms comme Ibrahima Kassory Fofana, l’ancien Premier ministre, Mohamed Lamine Bangoura, l’ancien président de la Cour constitutionnelle. Le directeur général de la police de l’époque, qui était le général Ansoumane Camara est aussi impliqué.

Lire aussi : GUINÉE : LE RPG D’ALPHA CONDÉ SE RÉORGANISE

Entre deux

Pour Me Alpha Amadou DS Bah, l’avocat de l’OGDH, cette démarche symbolise tout à fait un attachement des autorités de la transition à faire véritablement justice. Et cela a le mérité d’être applaudi. « Ces poursuites doivent aboutir à de véritables enquêtes pour que les auteurs et commanditaires de ces crimes ignobles soient poursuivis et traduits devant la justice afin que des sanctions exemplaires soient infligées aux dirigeants de ce pays, qui se croyaient autrefois au-dessus de la loi », a-t-il expliqué.

Pour d’autres comme Aziz C, un citoyen, la lecture de la situation est toute différente. Il pointe surtout une tendance subtile des militaires en place à vouloir régler des comptes avec l’ex-président Condé et son entourage. Ceci surtout quand on observe scrupuleusement les agissements ou certaines décisions du Colonel Doumbouya. Alors, une chasse aux sorcières n’est pas à écarter dans le cas de l’ex-président Condé.

« Si l’on ne peut pas nier la nécessité de justice au regard des exactions commises, il faut néanmoins prendre garde à ce que les processus de justice ne soient pas instrumentalisés à des fins de purge ou de chasse aux sorcières », interpelle-t-il.

 

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