vendredi, mars 29 2024

La Francafrique est aujourd’hui critiquée par les nouvelles générations africaines. Celles-ci réclament une rupture avec l’ancienne puissance coloniale. Il s’agit ainsi de se libérer de la politique de domination et d’exploitation organisée par la France en Afrique.

Mais, visiblement, Paris n’est pas prête à accepter cette rupture, en raison de grands intérêts économiques en Afrique. Jean-Yves Le Drian, actuel ministre des affaires étrangères, a sa méthode pour pérenniser les intérêts de la France sur le continent noir. Une méthode, qui n’est pas loin de celle de Foccart mais avec d’autres orientations.

S’il y a un continent qui est le plus proche de la France en termes de coopération, c’est bien l’Afrique. En effet, même après les indépendances, la France a toujours été au cœur des politiques africaines, notamment dans ses ex-colonies. Que ce soit sur le plan économique, militaire ou culturel, jamais le mariage franco-africain n’a été rompu. Certes, il a été secoué par des courants nationalistes. Mais à chaque turpitude, la France a su le remettre debout. Parfois par des vils procédées.

Et c’est grâce à des artifices dont seul Paris détient le code. A la tête de ce commando de diplomates voués à la cause de la francafrique, figurait en bonne place Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique ». L’homme est décédé il y a bien longtemps, mais sa méthode a toujours eu pignon sur rue dans les sphères de la diplomatie française.

La Francafrique selon la Méthode Foccart

« La « méthode Foccart » est portée par des générations politiques qui ont préparé puis orchestré la décolonisation de l’Empire français des années 1940 aux années 1980. », fait remarquer le site Financial Afrik. Et d’ajouter « Sortie de son cadre chronologique, elle est devenue une immuable recette des relations franco-africaines. La « philosophie de la méthode Foccart » est la conviction qu’il y aurait eu une politique africaine unifiée, celle de la « Françafrique » néocoloniale, avec son cortège d’interventions directes, de corruption des dirigeants et de rôle trouble d’intermédiaires, de coups tordus de mercenaires et d’interventions militaires à l’instar des coups de boutoir du mercenaire Bob Denard, ou des facteurs typiques de ce réseau comme Robert Bourgi, Jean-Yves Ollivier… »

Pour continuer à maintenir son hégémonie sur la politique africaine à travers la francafrique, Paris ne manque ni de stratégies, ni d’Hommes. Sur ce registre, Jean-Yves Le Drian, actuel ministre des affaires étrangères, tamise, depuis quelques années, la méthode Foccart pour adapter la francafrique aux nouvelles réalités.  C’est en tout cas l’analyse que fait Financial Afrik : « Le réseau de Jacques Foccart s’appuie sur des positions institutionnelles multiples dont il peut mobiliser les ressources pour étendre son influence au sein d’autres institutions et d’autres réseaux.»(…)

le site continue son analyse en disant que « si la méthode a vieilli et a eu quelque peu du mal à se recycler car l’eau a assez coulé sous le pont avec la montée en puissance des nouvelles générations en Afrique qui en appellent à la rupture, elle n’en reste pas moins efficace avec un Jean-Yves Le Drian qui mène à peu près de façon philosophique les mêmes méthodes avec une orientation concentrée sur l’affairisme et le recyclage des anciens hommes de services et de l’armée en nouveaux lobbyistes ou conseillers occultes dans le giron de la diplomatie souterraine. »

Le Drian et sa méthode militaire

La méthode de Le Drian pour pérenniser la Francafrique est bien différente de celle de Jacques Foccart. Mais elles ne sont pas si loin l’une de l’autre. Pour en venir à la méthode de Le Drian, proprement dit, « l’équipe Le Drian a su très vite s’appuyer sur le savoir-faire militaire français pour gérer les affaires d’otages et l’interventions au Sahel », c’est ce qu’explique au Financial Afrik, une source introduite dans les arcanes français en Afrique.

En effet, devenu ministre des affaires étrangères, après une brillante expérience à la défense, Le Drian expérimente une nouvelle option diplomatique. Il s’agit, à en croire Financial Afrik, d’un multilatéralisme sécuritaire et la philosophie de la promotion scabreuse de préférer « un diable que la France maitrise qu’un ange inconnu ».

Même si les aspirations des peuples sont portées par cet ange inconnu, la France préfère le diable. Avec l’insécurité grandissante dans le monde surtout en Afrique où la France a plus d’intérêt, Le Drian renforce ses réseaux. Il met en avant la nécessité de protéger les intérêts français en s’imposant militairement et en devenant un acteur clé dans certaines régions.

En outre, Le Drian utilise le canal de Foccart pour atteindre Macron. Au Mali, il n’a pas attendu longtemps pour critiquer IBK alors que celui-ci venait d’être déchu par l’armée. Une façon de se présenter comme un soutien aux putschistes pour poursuivre la politique française, car en réalité les opposants au Mali ont une vision différente, surtout en ce qui concerne la coopération militaire française.

Lire aussi : https://linvestigateurafricain.tg/mali-goodluck-jonathan-sactive-pour-un-retour-a-la-normale/

 

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