mercredi, avril 24 2024

Le Président du Gabon, Ali Bongo, s’est exprimé, hier dimanche, à la télévision nationale. Il a annoncé une série d’actions pour moderniser son pays et lutter contre le chômage. Dans son discours, il n’a pas évoqué les relations avec la France. Mais, il laisse transparaître la confirmation de son désir de tourner la page de la Françafrique. Et ce, alors que certaines réalités laissent penser que la république gabonaise est une extension de la France et vice versa.

La république gabonaise célèbre, ce lundi, le soixantième anniversaire de son indépendance. Traditionnellement, à cette occasion, le Président de la République s’adresse à la nation. Il s’agit, à cette occasion, de faire l’état des lieux du pays et annoncer les perspectives. C’est bien à cette tradition que s’est plié Ali Bongo, Président de la République depuis 2009.

Dans son discours à la nation dimanche, le Président Gabonais a rendu un hommage à ses prédécesseurs qui, selon lui, ont légué aux générations actuelles un pays stable et en paix. Le Chef de l’Etat a insisté sur la modernisation du pays, en s’attardant sur les sujets qui constituent les préoccupations dans son pays. C’est après avoir fait un bilan des dix dernières années qu’Ali Bongo a évoqué, entre autres préoccupations, le mauvais état des routes, la santé, la formation et l’emploi.

« Pour se développer, la terre gabonaise a besoin d’infrastructures modernes. Nous avons bitumé plus de routes en dix ans que depuis l’indépendance de notre pays. Notre réseau routier sera renforcé de nouveau avec la Transgabonaise qui traversera notre pays d’est en ouest sur 780 km. Ce chantier, qui sera achevé en 2023, aura un impact majeur », a déclaré Ali Bongo.

« Cette route révolutionnera notre vie et notre économie. Ces dix dernières années, nous avons construit et modernisé nos infrastructures hospitalières pour améliorer l’offre de soin et de santé », a-t-il ajouté. Le Chef de l’Etat a également expliqué que les réformes pour l’emploi étaient une priorité. « Dans les mois à venir, tout doit être fait pour réduire le chômage et la précarité, notamment en renforçant certains dispositifs. C’est l’instruction que j’ai transmise au Premier Ministre et au gouvernement. Par les réformes menées et en cours, nous préparons l’avenir », a-t-il martelé.

Pas un mot sur la relation avec la France

Le Président Ali Bongo a prononcé son discours sans piffer un mot sur les relations avec la France. Cela ne devrait pas être surprenant puisqu’à son arrivée au pouvoir en 2009, après la mort de son père, Ali Bongo avait promis de mettre fin à la relation quasi exclusive avec l’ancienne puissance coloniale. C’est apparemment ce qui semble se produire, dix ans plus tard.

Selon l’analyste économique Mays Mouissi, l’influence économique de la France au Gabon est en chute libre. Les investisseurs, principalement asiatiques, ont pris des secteurs stratégiques, comme l’exploitation du bois ou la gestion du port. La Chine est devenue en 2014, le premier partenaire commercial et est à l’origine de la modernisation du quartier industriel de Libreville.

Mais, il reste encore un peu de France au Gabon

Sur le plan culturel, la France fait mieux rêver les Gabonais que la Chine. Que ce soit en matières vestimentaires, alimentaires et autres, les produits français sont dans toutes les boutiques, superettes et supermarchés du Gabon. « La consommation du Gabon est liée à son histoire avec la France, car nous avons, hélas, une faible production gabonaise », affirme à l’AFP Alain Rempanot Mepiat, Conseiller du PDG de Ceca-Gadis, le premier distributeur du pays dont près de 80% des produits arrivent de France. L’hexagone reste le premier fournisseur de la république gabonaise. Notamment pour la boisson : Bourgogne ou Bordeaux, les bouteilles, de la piquette aux grands crus, remplissent des rayons entiers.

Selon le Ministère français des Affaires Etrangères, le territoire gabonais et celui de la France entretiennent une relation marquée par des échanges étroits. La coopération civile entre la France et le Gabon est dense, souligne le site de la diplomatie française.

Entre février 2015 et novembre 2019, au total 17 visites et rencontres de travail ont été effectuées entre les différents ministres des deux pays, notamment sur les questions de paix, de sécurité et de développement.

Sur le plan économique, la diplomatie française fait observer que la France est actuellement le premier fournisseur de la nation gabonaise, devant la Belgique et la Chine, avec une part de marché de 26%. Elle a donc repris la place de la Chine. Les importations françaises concernent le secteur des hydrocarbures (55% des importations), mais également la filière du bois et le manganèse. 110 entreprises françaises sont installées en terre gabonaise. Elles génèrent quelques 14 000 emplois et réalisent un chiffre d’affaires évalué à 3,23 milliards d’euros. L’AFD intervient en république gabonaise, sous forme de prêts souverains (financements d’infrastructures et de projets sociaux) et par un prêt de soutien budgétaire (225 M d’euros pour la période 2017-2020).

Sur le plan scientifique, la France a signé un accord de convention de dette (60,4 M d’euros intérêts compris) avec le pays pour soutenir son programme « Gabon Vert ». Un programme qui est intégralement affecté à la gestion durable des écosystèmes forestiers et au développement de l’économie de la filière bois/forêt. « L’accord a notamment permis le financement d’un plan de lutte contre le braconnage des éléphants et d’un projet de surveillance satellitaire développé par l’agence gabonaise d’études et d’observations spatiales », précise les autorités françaises.

Sur le plan militaire, 350 hommes présents en terre gabonaise mettent en œuvre la coopération militaire opérationnelle et technique avec l’ensemble des pays de l’Afrique centrale.

« Le Gabonais a une patrie, le Gabon, et une amie, la France », disait Omar Bongo, l’un des symboles de la Françafrique. Mais, peu importe la volonté de l’actuel Président de tourner la page de la Françafrique, cela paraît difficile. C’est au regard des liens très étroits qui ont toujours lié les deux pays avant même les indépendances. Il ne faut pas oublier que Léon Mba, le premier Président du pays, ne voulait pas l’indépendance. Mais plutôt que la république gabonaise soit un département français. Un souhait rejeté par le président DE GAULLE.

Lire aussi: https://linvestigateurafricain.tg/tchad-idriss-deby-fait-marechal/

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